Existe‑t‑il des contre‑indications à la rééducation périnéale ?
Existe-t-il des cas où la rééducation du périnée n’est pas recommandée ? On vous explique les vraies contre-indications et les adaptations possibles.
Existe‑t‑il des contre‑indications à la rééducation périnéale ?
La rééducation périnéale est souvent vue comme un passage obligé après un accouchement, une chirurgie pelvienne ou un trouble fonctionnel du plancher pelvien.
Mais une question revient fréquemment : tout le monde peut-il pratiquer la rééducation du périnée ? Y a-t-il des contre-indications ?
Comme pour toute approche thérapeutique, la réponse n’est pas noire ou blanche. Elle mérite nuance, réflexion... et un peu de bon sens.
Le périnée, ce chef d’orchestre discret
Avant de parler de contre-indications, il faut rappeler l’importance de ce muscle souvent oublié.
Le périnée, c’est un peu comme le chef d’orchestre silencieux de votre abdomen. Il gère la stabilité, le maintien des organes et même une partie du plaisir intime. Et comme tout chef d’orchestre, il a besoin d’une bonne écoute.
Mais que se passe-t-il quand ce muscle est trop sollicité ou, au contraire, mal entraîné ? C’est là que la rééducation entre en jeu. Sauf que… ce n’est pas toujours le bon moment pour s’y mettre.
Oui, il existe des contre-indications. Mais elles sont rares.
Contre-indications absolues (où la rééducation est temporairement impossible) :
- Infections génitales ou urinaires en cours : comme toute zone infectée, le périnée doit rester au repos jusqu’à guérison.
- Douleurs aiguës non identifiées : toute douleur pelvienne intense ou soudaine doit être investiguée avant de démarrer une rééducation.
- Hémorragies ou saignements inexpliqués : ils nécessitent un avis médical immédiat.
- Certains cancers pelviens : dans certains cas, des précautions particulières sont nécessaires. Le professionnel de santé décidera si une rééducation est possible ou non.
Contre-indications relatives (où la rééducation est possible mais à adapter) :
- Hypertonie du périnée (périnée trop contracté) : dans ce cas, les exercices classiques peuvent aggraver les tensions. La rééducation doit être faite tout en douceur, souvent avec des techniques de relâchement.
- Grossesse : ce n’est pas une contre-indication en soi, mais certains protocoles doivent être adaptés en fonction du trimestre ou du risque obstétrical.
- Présence d’un stérilet ou d’une chirurgie récente : le professionnel peut recommander un délai avant de commencer, selon les cas.
Et les sondes périnéales ? Sont-elles toujours recommandées ?
Pas toujours.
Elles ne doivent pas être utilisées en cas de :
> lésions internes ou douleurs vaginales non expliquées,
> refus ou inconfort psychologique du patient,
> malformations pelviennes rares.
Les sondes sont des outils formidables quand elles sont bien indiquées : elles offrent un biofeedback précieux pour comprendre et visualiser le travail musculaire.
Mais elles ne sont jamais obligatoires. D’autres méthodes existent : le travail manuel, les exercices de visualisation, l’électrostimulation externe…
Notre avis : ce n’est pas la sonde qui fait la réussite d’une rééducation, mais l’adaptation du programme au profil du patient.
Comment savoir si la rééducation est faite pour moi ?
C’est LA vraie question. Et la réponse ne se trouve pas sur Google, ni même dans cet article. Elle se trouve dans un bilan avec un professionnel de santé formé.
Ce bilan périnéal permet de :
- évaluer la tonicité du périnée (trop faible ? trop fort ? déséquilibré ?),
- identifier les besoins spécifiques (fuites, douleurs, inconforts, descente d’organe…),
- choisir les bons outils (exercices manuels, électrostimulation, sonde, etc.),
- éviter les erreurs qui pourraient faire plus de mal que de bien.
Faut-il avoir des symptômes pour faire de la rééducation ?
Pas nécessairement. Prévention et rééducation vont de pair. Tout comme on fait des échauffements pour éviter les blessures sportives, on peut travailler son périnée avant l’apparition de symptômes.
Cela dit, attention à l’auto-rééducation sans diagnostic préalable. Certains tutoriels ou applications proposent des exercices standards, mais mal ciblés, ils peuvent renforcer un problème au lieu de le corriger.
Il y a-t-il encore des zones d’ombre ? Bien sûr.
Chaque corps est unique. Chaque vécu aussi. Il reste encore beaucoup à découvrir sur l'interaction entre le périnée, les émotions, le stress, la posture, ou même certaines pathologies chroniques.
Mais ce que l’on sait déjà est suffisamment solide pour affirmer ceci : la rééducation périnéale a toute sa place dans une approche de santé globale, à condition d’être personnalisée.
Conclusion : Ne forcez pas une porte qui a juste besoin d’une clé différente.
Votre périnée n’a peut-être pas besoin d’être « musclé » à tout prix. Parfois, il a juste besoin d’être entendu, relâché, compris.
? Vous vous posez des questions sur votre propre situation ? Consultez un professionnel, faites un bilan et surtout… écoutez-vous. C’est peut-être la première étape de votre vraie rééducation.